Mostra de fotografia de autoria
Centro Cultural CEEE Erico Verissimo
François Barré:
J’ai rencontré Mauro Holanda, à Porto Alegre il y a quelques mois et découvert la qualité et la force d’un créateur accomplissant une œuvre fraternelle.
Ces corps suspendus dans une éternité courte de décomposition et de stupeur, perdus au milieu de rien, encore rassemblés dans leur unité d’écorce ou déjà démembrés ; ces corps dérobés au temps de la liberté du vol et de l’air du matin, Mauro Holanda leur donne une réalité et les sanctuarise dans la magie de l’art.
Habitué aux photos de presse accompagnant les recettes et les secrets des bons plats, il en a vu des milliers posés, accrochés, dépenaillés et dépouillés pour la commodité du travail en cuisine et la préparation des découpes et des cuissons. Dans ce chantier de chairs et de plumes où d’autres passent sans voir, comme dans l’espace routinier des désordres du travail, il saisit soudain l’expression tragique du vif rehaussé dans l’objectivité de la mort, figure nouvelle dans le souvenir à jamais perpétué de la chair frémissante, de ses affolements et de ses plaisirs.
Posés là sans pose ni leurre, ces corps mutiques nous font signe et nous disent notre destin.
François Barré (Paris) - Porto Alegre, le 25 novembre 2008